
Tous les laboratoires, quel que soit leur champ d’exercice, ont en commun une problématique bien connue : la contamination.
Laboratoires de recherche, d’analyse, de production bio pharmaceutique ou autre, c’est la même rengaine : l’implémentation de protocoles d’assainissement adéquats est primordiale. Sans cela les dysfonctionnements se multiplient : erreurs de résultats, risques sanitaires, rappels de produits, paralysie de la production, mobilisation du personnel, recours excessif aux salles blanches… La liste est longue.
Les organismes de santé publique insistent régulièrement sur l’importance du maintien de conditions stériles. Et ce n’est pas pour rien : nombreux sont les laboratoires qui ne parviennent pas à s’aligner sur les recommandations en vigueur.
Aux États-Unis en 2013, ils étaient 27% à employer des méthodes de décontamination lacunaires [1].
Que faire ?

Les désinfectants chimiques en solution aqueuse tels que les alcools, le chlore, le peroxyde d’hydrogène, l’acide peracétique ou les phénols sont couramment utilisés pour traiter les surfaces et le matériel.
Leurs points faibles ? Un temps de contact nécessaire variant d’un quart d’heure à plusieurs heures, un caractère agressif pour les muqueuses et les voies respiratoires, ainsi que pour les équipements et une moindre efficacité sur les spores et certains virus.
En deux mots : ils sont contraignants et incomplets.
Certains utilisent également des réactifs à base de métaux comme l’argent, le zinc et le cuivre dans des revêtements pour surfaces ou équipements médicaux, dont l’action désinfectante est démontrée mais insuffisante.
Parmi les solutions, l’irradiation UVC se démarque.

Utilisée depuis des décennies, elle a connu un nouvel essor durant la crise du Covid [2] notamment dans les hôpitaux [3]–[5] et les cabinets dentaires [6].
Qu’est-ce qui rend les UVC si intéressants ?
Ils attaquent les micro-organismes au niveau de l’ADN et de l’ARN : contrairement au cas des désinfectants chimiques, impossible pour les pathogènes de développer une résistance.
Et ils ne désinfectent pas uniquement les formes actives : ils éliminent aussi les spores bactériens. Avec les UVC, le taux d’incidence des infections est en chute libre [7].
En les comparant aux méthodes standards, la recherche met en évidence une efficacité considérablement accrue pour le traitement des surfaces [3] et de l’air ambiant [4].
Si l’engouement a d’abord gagné le secteur médical, aujourd’hui les UVC n’y sont plus cantonnés : industrie agroalimentaire [8], salles de sport [6], établissements scolaires [6],… Tous tirent profit de la souplesse de cette technologie. Pour chaque application, il suffit d’adapter les systèmes en modulant la puissance du rayonnement, le temps d’exposition et les distances.
Les laboratoires, eux non plus, ne sont pas en reste.
Dans l’industrie bio pharmaceutique ainsi que les structures d’analyse et de recherche, on se tourne de plus en plus vers les UVC [9]–[12]. En plus d’appuyer la pertinence de ces choix, la recherche met en avant l’adaptabilité de ces dispositifs qui sont aussi efficaces pour décontaminer les surfaces et l’atmosphère que les consommables [13] et les blouses [14].
Conclusion ?
En labo, UVC est synonyme de sécurité et d’efficacité : le temps d’exposition est court (par exemple, on décontamine 20m2 en 4 minutes avec un système UVcare 344) pour une désinfection optimale n’impliquant aucun additif chimique. Leur affluence pourrait bien sonner la fin des protocoles fastidieux et des lacunes sanitaires…
[1] C. Sullivan, « Maintaining A Controlled Environment: Cleaning And Disinfecting In The Clean Room », Infusion, 2015.
[2] A. Bianco et al., « UV-C Irradiation Is Highly Effective in Inactivating and Inhibiting SARS-CoV-2 Replication », SSRN Electron. J., 2020, doi: 10.2139/ssrn.3620830.
[3] B. Casini et al., « Evaluation of an Ultraviolet C (UVC) Light-Emitting Device for Disinfection of High Touch Surfaces in Hospital Critical Areas », Int. J. Environ. Res. Public. Health, vol. 16, no 19, p. 3572, sept. 2019, doi: 10.3390/ijerph16193572.
[4] T. Ethington, S. Newsome, J. Waugh, et L. D. Lee, « Cleaning the air with ultraviolet germicidal irradiation lessened contact infections in a long-term acute care hospital », Am. J. Infect. Control, vol. 46, no 5, p. 482‑486, mai 2018, doi: 10.1016/j.ajic.2017.11.008.
[5] J. E. Zeber et al., « Use of Ultraviolet Irradiation in Addition to Commonly Used Hospital Disinfectants or Cleaners Further Reduces the Bioburden on High-Touch Surfaces », Open Forum Infect. Dis., vol. 6, no 12, p. ofz529, déc. 2019, doi: 10.1093/ofid/ofz529.
[6] « COVID 19 : Désinfecter l’air avec de la lumière c’est possible », France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, 23 novembre 2021. https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/covid-19-desinfecter-l-air-avec-de-la-lumiere-c-est-possible-2348176.html (consulté le 6 février 2023).
[7] M. Pavia, E. Simpser, M. Becker, W. K. Mainquist, et K. A. Velez, « The effect of ultraviolet-C technology on viral infection incidence in a pediatric long-term care facility », Am. J. Infect. Control, vol. 46, no 6, p. 720‑722, juin 2018, doi: 10.1016/j.ajic.2018.01.014.
[8] E. Gayán, I. Álvarez, et S. Condón, « Inactivation of bacterial spores by UV-C light », Innov. Food Sci. Emerg. Technol., vol. 19, p. 140‑145, juill. 2013, doi: 10.1016/j.ifset.2013.04.007.
[9] L. Parmegiani, A. Accorsi, G. E. Cognigni, S. Bernardi, E. Troilo, et M. Filicori, « Sterilization of liquid nitrogen with ultraviolet irradiation for safe vitrification of human oocytes or embryos », Fertil. Steril., vol. 94, no 4, p. 1525‑1528, sept. 2010, doi: 10.1016/j.fertnstert.2009.05.089.
[10] C. Y. Ou, J. L. Moore, et G. Schochetman, « Use of UV irradiation to reduce false positivity in polymerase chain reaction », BioTechniques, vol. 10, no 4, p. 442, 444, 446, avr. 1991.
[11] J. R.-M. NRCC PhD, MBA, DABCC, « Preventing cross-contamination in a molecular laboratory », Medical Laboratory Observer, avril 2022. https://www.mlo-online.com/management/qa-qc/article/21264285/preventing-crosscontamination-in-a-molecular-laboratory (consulté le 6 février 2023).
[12] S. M. Meunier, M. R. Sasges, et M. G. Aucoin, « Evaluating ultraviolet sensitivity of adventitious agents in biopharmaceutical manufacturing », J. Ind. Microbiol. Biotechnol., vol. 44, no 6, p. 893‑909, juin 2017, doi: 10.1007/s10295-017-1917-0.
[13] L. A. Gefrides, M. C. Powell, M. A. Donley, et R. Kahn, « UV irradiation and autoclave treatment for elimination of contaminating DNA from laboratory consumables », Forensic Sci. Int. Genet., vol. 4, no 2, p. 89‑94, févr. 2010, doi: 10.1016/j.fsigen.2009.06.008.
[14] J. G. Castellanos, J. Preminger, M. L. Steinkamp, R. S. Longman, et K. O. Pryor, « Evaluation of a novel ultraviolet C irradiation locker for microbial sterilization of hospital laboratory coats », J. Hosp. Infect., vol. 105, no 2, p. 334‑336, juin 2020, doi: 10.1016/j.jhin.2020.01.017.